.Retrouver le cloître (fait !).

Mesdames Frère et Bélart au cloître de Marciac
Mmes Frère et Bélart au cloître des Augustins de Marciac

 

Un défi qui était à la fois passionnant et difficile à relever : retrouver la trace de la galerie du cloître des Augustins (photographiée ci-dessus), datant du XVe siècle et de style Renaissance, qui a disparu depuis la fin 1906, ainsi que les stalles correspondantes (photo ci-dessous) ; ceci, suite à la vente de ces trésors architecturaux, au vu de la protection insuffisante dont jouissaient les œuvres d'art au tout début du 2Oe siècle. Ces trésors évaporés, sont-ils aujourd'hui quelque part en France, aux États-Unis, ou en Suisse ? Mystère à éclaircir !  NON, LE MYSTÈRE VIENT D'ÊTRE ÉCLAIRCI...

 

Stalles du couvent des Augustins de Marciac
Les stalles disparues du couvent des Augustins de Marciac

 

Pour se mettre sur la piste des trésors disparus (et dorénavant retrouvés !) du patrimoine marciacais, qui sont au cœur de l'histoire de la bastide, il faut savoir que des photos et une gravure (voir ci-dessous) - et surtout des descriptifs précis - de la galerie et des stalles à rechercher - et retrouver - étaient disponibles (voir l'intégralité de ces documents sur le livre "Le Fabuleux Destin de Marciac", pages 95 à 99).

 

□ Qu'est-ce qu'un cloître ? Selon Wikipédia, "Un cloître ou cloitre1 est une galerie couverte et fermée en quadrilatère, entourant souvent un jardin intérieur, établie d'abord au cœur des abbayes et monastères, et plus tard également à côté des cathédrales, collégiales et églises plus importantes. Le cloitre, avec son jardin intérieur, au centre duquel se trouve parfois un puits, est ouvert sur le ciel, et, avec ses bancs de pierre (dans les abbayes plus anciennes) constitue l'espace de rencontre entre les moines, les autres lieux étant soumis au silence. Le cloitre donne accès à tous les lieux communautaires importants (église, salle du chapitre, bibliothèque et scriptorium) et autres (réfectoire et divers offices)".

 

   Un témoignage inédit sur le départ de Marciac de la galerie et des stalles des Augustins

 

Charles Moncassin, un Marciacais pur jus, raconte ce que serait devenu, selon lui, le cloitre : « Le cloître de Marciac (dont l’entrée était située au fond de l’actuelle place du chevalier d’Antras, héros marciacais s'il en fut) a été vendu en 1907, à la séparation de l’Église et de l’État, à un antiquaire tarbais pour la somme de 4000 francs, alors que M. Cols était maire (à la même époque, une paire de bœufs valait 300 francs). Démonté, numéroté, mis en caisses par mon grand-père entrepreneur, il a été expédié par train de la gare de Miélan (Gers), en région parisienne. Mon père, qui avait 15 ans, se rappelait de la démolition et du transport avec les chevaux de l’entreprise. Les stalles, en chêne noyer, auraient été vendues en Suisse .../... On voit encore dans la cour de l’école, l’emplacement des colonnes géminées du cloître et les portails métalliques qui fermaient la petite place à une certaine époque, place alors arborée...


Croquis du cloître des Augustins de Marciac
Croquis archéologique du cloître des Augustins de Marciac (Bibliothéque de l'Architecture et du Patrimoine)

  A SAVOIR, SELON JACQUES LAPART

 

(lire ci-dessous l'article paru sur "La Dépêche du Midi" en avril 2013, suite à une conférence de Jacques Lapart, "spécialiste de l'archéologie et des monuments historiques gersois")

 

"Avant la Révolution de 1789, beaucoup d’'abbayes étaient en partie détruites et laissées à l’abandon. Elles avaient été dévastées par les guerres de religions et Montgomery n’a pas été le seul vandale. À la Révolution, les abbayes et leurs cloîtres ont été achetés comme biens nationaux et les pierres revendues, sauf si les propriétaires les installaient dans leur domaine.

 

À la fin du XIXe siècle, un trafic s’est développé avec M. Demotte et, plus tard, Paul Goubert (qui a confié ses souvenirs et ses méthodes à l’écrivain Paul Guth). Ceux-ci ont profité de la mode des cloîtres aux États-Unis pour razzier ceux du Sud-Ouest. Ils attribuaient des noms de cloîtres connus à leur marchandise. Ainsi, le cloître de Saramon a-t-il été mis aux enchères à New York en 2008, alors qu’il venait sans doute de Bonnefont dans le Comminges.

 

Le cloître de Berdoues, vendu par Gouvert, puis volé par Göring et restitué par la ville de Nuremberg, ne vient pas de Berdoues. Jacques Lapart rend néanmoins cette justice aux deux antiquaires, qui démontaient les monuments avec soin et numérotaient les pierres…. Ainsi, cherche-t-on le cloître de Lombez dans un des châteaux de la famille de Rességuier. À Simorre, le cloître a été vendu puis démoli. À Marciac, un très bel exemplaire a été détruit pendant les guerres de religion.

 

Aux Bahamas, un milliardaire a installé une multitude de cloîtres en assemblant tant bien que mal ses achats : « Il y a dans cette réalisation du Montréjeau, du Berdoues, du Bonnefont et d’autres », s’'étonne Jacques Lapart. Mais pour lui, c’est « Cloisters », au Metropolitan Museum de New York, qui met très bien en valeur des cloîtres du Sud-Ouest."

Le porche du cloître des Augustins de Marciac en 1900
Le porche donnant sur la galerie "disparue" du cloître des Augustins
Le porche des Augustins de Marciac aujourd'hui
Le porche des Augustins de Marciac aujourd'hui